Les chroniques de la Lettre du 12
C’est de coordination systémique dont la décroissance a besoin
Bien sûr que nous préférons quand les propositions décroissantes sont désirables et faisables. Mais est-ce suffisant pour qu’elles soient acceptables ? Comment vont-elles devenir désirables pour ceux qui aujourd’hui pensent le contraire, comment vont-elle devenir faisables démocratiquement ? Comment va-t-on faire nombre avec ceux qui ne sont pas décroissants ?
L’insupportable transformation du militant en « supporter »
Ce qui me gêne dans le devenir-supporter du militant c’est que sa critique est seulement centrifuge, dirigée contre l’autre, jamais dans l’autocritique.
Pas de philosophie politique sans effort de conceptualisation
Pas de philosophie politique sans des lectures idéologiques
Les auteurs de la théorie critique inspirent le corpus idéologique de la décroissance
Socialisme ou croissance : pourquoi lire Axel Honneth ?
Comment se revendiquer socialiste quand les décroissants prétendent être si critiques envers sa version marxiste ? J’ai longtemps cru que l’on pouvait sauver le socialisme en se revendiquant du socialisme utopique Mais le renouveau du socialisme prôné par Honneth va précisément s’appuyer sur la critique d’une vision partagée par tous les socialistes, scientistes comme utopiques : leur « monisme économique ».
J’ai lu : L’idée du socialisme, d’Axel Honneth
Si la décroissance doit se reconnaître comme un socialisme, alors il faut libérer le socialisme de son ancrage industrialiste.
Pourquoi faut-il lire Hartmut Rosa ?
Parce que le désir (sans limite) de contrôle nous prive de résonance. Parce que la résonance – et non pas le ralentissement – est la solution du problème central de notre temps : l’accélération. Parce que l’accélération est aliénation. Parce qu’une vie non-aliénée est une vie bonne. Et nous voilà revenu à la question sans doute la plus importante pour nous autres humains : qu’est-ce qu’une vie bonne – et pourquoi nous fait-elle défaut ?
J’ai lu : Aliénation et accélération, d’Hartmut Rosa
Sous la pression d’un rythme en accélération constante, les individus de la modernité tardive font désormais face à un monde qu’ils n’ont plus le temps ni d’habiter ni de s’approprier : ils sont aliénés.
J’ai lu : Résonance, d’Hartmut Rosa
La publicité et la marchandisation capitaliste transposent notre besoin existentiel de résonance, qui est désir de relation, en un désir d’objet. Mais la résonance ne se laisse pas rendre disponible.
La « tonalité affective » (Stimmung) et l’atmosphère de nos expériences de résonance sont « antérieures… à la séparation… entre sujet et monde ». L’oublier, c’est plonger dans l’aliénation (pour les sujets) et dans la réification (pour les objets).
J’ai lu : Rendre le monde indisponible, d’Hartmut Rosa
Le fait de disposer à notre guise de la nature, des personnes et de la beauté qui nous entourent nous prive de toute résonance avec elles. La frustration ne vient donc pas de ce qui nous manque mais de ce que nous avons perdu parce que nous en disposons.
J’ai lu : La société du mépris, d’Axel Honneth
Pour Honneth une revendication non–matérielle, morale, de reconnaissance ne ringardise aucune revendication matérielle.
J’ai lu : La lutte pour la reconnaissance, d’Axel Honneth
Faut-il interpréter les conflits sociaux comme des luttes pour l’existence ou bien comme des luttes pour la reconnaissance ?