Préférer la décroissance, plutôt que la désirer

Est-il contradictoire de défendre à la fois une décroissance radicale et une décroissance désirable ? Comme souvent dans toute discussion, une partie de la réponse se trouve dans un travail de définition qui, lui-même, se réduit le plus souvent à un effort de distinction :

  • Si je distingue 2 types de radicalité – l’intransigeance et la cohérence 1 – alors on voit que pour l’intransigeant, la désirabilité serait une trahison. Seule la radicalité comme cohérence peut être compatible avec une décroissance désirable.
  • Reste alors à se concentrer sur ce que « désirable » veut dire.
  • « Désirable » ne veut pas dire « sexy » → Retour sur la critique adressée au terme même de « décroissance » qui ne serait pas « sexy ». Critique de mauvaise foi car elle repose sur une pétition de principe : car c’est pour le partisan de la croissance que le terme de « décroissance » est mal choisi. Et symétriquement, toute critique de ce terme devrait renvoyer une contre-interrogation : ai-je assez décolonisé mon imaginaire en faveur de la croissance 2 ? Reste aussi que dans son usage ordinaire, la « décroissance » est souvent une bonne nouvelle : décroissance des indicateurs d’une pandémie, décroissance du niveau de l’eau…

Est-il contradictoire de désirer une décroissance désirable ?

Pourquoi serait-il (im-)pertinent de qualifier de « désirable « la décroissance ? Quel est le problème ?

  1. Une partie du problème revient à s’apercevoir que, du côté du monde de la croissance, le désir en constitue peut-être le moteur anthropologique le plus efficace 3. Le risque serait qu’en rendant désirable la décroissance, celle-ci resterait prisonnière du monde qu’elle prétend critiquer radicalement.
  2. L’autre partie du problème consiste à reconnaître a/ que le point faible politique de la décroissance se situe dans son incapacité à mobiliser mais b/ qu’un choix binaire existe bien entre une décroissance désirable et une décroissance repoussante (ou indésirable). Cette deuxième option est celle des décroissants pour qui la radicalité se confond avec l’intransigeance : c’est alors la pente mortifère du plus-décroissant-que-moi-tu-meurs 4. Reste l’option d’une décroissance désirable.

Au moins deux sens de désir

Je mets de côté les arguments en faveur (ou non) de ce qui rend désirable la décroissance pour ne m’occuper que de ce que « désirable » veut dire 5.

Au sens le plus large, un désir est une espèce de tendance (il y a d’autres espèces de tendance : l’instinct, le besoin… et aussi, plus classiquement, la passion, l’inclination, le penchant…). Il existe une analogie féconde pour découvrir quelques unes des propriétés d’un désir comme tendance : l’analogie avec ce qu’en mathématiques on appelle un « vecteur ».

  • Un vecteur est défini par son sa direction, son sens et son intensité (sa norme). Par analogie, un désir peut être défini par son objet, son sens et sa force. Exemple pour un désir de… pomme. La direction est donnée par le lien entre le sujet qui désire la pomme et la pomme comme objet du désir, le sens peut aller du sujet à la pomme ou de la pomme au sujet, et enfin mon désir de pomme peut être plus ou moins fort.
  • Un vecteur est élément d’un espace vectoriel dans lequel on peut définir une addition. La direction, le sens et l’intensité du vecteur somme résultent de la composition des directions, sens et intensité des vecteurs additionnés. Ainsi, si les deux vecteurs ont des directions différentes, alors la direction du vecteur somme sera obtenu (géométriquement) par la diagonale. L’analogie avec le désir permet de comprendre pourquoi la composition de 2 désirs intentionnels aboutit à un nouveau désir non-intentionnel (et pourtant volontaire) : aucun individu n’en a fait son désir particulier mais la résultante de leurs désirs produit un désir commun 6. C’est cette propriété du désir sur laquelle insistera particulièrement un néolibéral comme Friedrich Hayek dans sa défense d’un ordre spontané (kosmos) contre l’ordre organisé (taxis) : des actions intentionnelles peuvent provoquer des effets non-voulus → l’interaction des intentions individuelles produit des effets sociaux : d’où, pour lui, le choix de la main invisible plutôt que « le mirage de la justice sociale ».

Je peux immédiatement en tirer une distinction entre 2 sortes de désirs, car un désir peut aller dans un sens ou dans l’autre :

  1. Un désir peut aller du sujet à son objet ; c’est parce que je désire l’objet que je le qualifie de « désirable ». Mais on voit bien que dans ce cas, priorité est donnée au sujet désirant sur l’objet désiré et c’est pourquoi, à la limite, dans ce type de désir, l’objet peut être secondaire : c’est le désir comme pulsion. Freud d’ailleurs voit dans le déplacement libidinal l’une des caractéristiques des pulsions (de vie et de mort, Éros et Thanatos) : « La pulsion sexuelle met à la disposition du travail culturel des quantités de forces extraordinairement grandes et cela par suite de cette capacité spécialement marquée chez elle de pouvoir déplacer son but sans perdre pour l’essentiel de son intensité. On nomme cette capacité d’échanger le but sexuel originaire contre un autre but qui n’est plus sexuel, mais qui lui est psychiquement apparenté, capacité de sublimation 7. » Dans ce cas, c’est la force (subjective) qui commande/commence le désir. C’est pourquoi Don Juan – le collectionneur – n’est en réalité amoureux véritablement d’aucune femme mais seulement de lui-même.
  2. Un désir peut aller de l’objet au sujet : c’est parce que l’objet est désirable que je le désire. A la différence de la pulsion où la force (l’intensité) de la pulsion doit trouver à se défouler quasiment quel que soit l’objet, dans ce second cas, priorité est donnée à l’objet sur le sujet : c’est le désir comme attirance. Dans ce cas, c’est l’objet (attirant) qui commence/commande le désir. C’est pourquoi le fanatique/le fan peut aller jusqu’à sacrifier sa vie au service de son idole (ou en devenir le sosie).

Pas question de réduire le désirable de la décroissance à l’une de ces deux sortes de désir. Au contraire, enrichir le désirable de la décroissance de toutes les modalités du désir.

Les désirs de décroissance

Une décroissance définie par un projet attirant plutôt que par l’indignation

  • Préférer la mobilisation par l’attirance du projet plutôt que par la répulsion du rejet.
  • Il y a une terrible naïveté à croire qu’une mobilisation politique pourrait ou même devrait commencer par la prise de conscience/connaissance des constats (ce que j’appelle depuis des années, les « dégâts des lieux ») de ce que nous rejetons.
  • Ce serait croire qu’une connaissance pourrait être mobilisatrice. Si c’était vrai alors cela devrait faire bien longtemps que les « progrès » de l’éducation aurait réussi à produire une société merveilleuse remplie de citoyens éclairés et responsables. Non, la raison n’est pas mobilisatrice par elle-même. La connaissance rationnelle n’est pas une « existence primitive » (selon la traduction française d’une expression de David Hume : A passion is an original existence, pas la raison).
  • C’est oublier que l’objectivité est toujours une construction. Autrement dit, aucun fait ne parle de lui-même. C’est seulement dans un contexte que le sens d’un fait peut être interprété. C’est là le grand oubli de tous ces « anti » qui croient qu’il suffit de faire des constats pour mobiliser. S’ils avaient raison alors le spectacle de tous les dégâts du monde de la croissance aurait dû suffire pour déclencher sans attendre la décroissance. Ce n’est pas parce que je suis contre les OGM que je suis pour le vivant, c’est parce que je suis pour le vivant que je suis contre les OGM. Ce n’est pas à cause des dégâts de la croissance que je suis pour la décroissance, c’est parce que je suis pour la décroissance que les dégâts de la croissance me semblent évidents à constater.

Voilà pourquoi quand j’intercale le trajet entre le rejet et le projet, ce n’est pas après avoir commencé par le rejet mais bien parce que la décroissance me semble capable d’être portée par un projet attirant.

Si évidemment ce projet est repoussé dans les abstractions de la pureté et de l’intransigeance, alors il est en effet difficile de ressentir de l’attirance. C’est pourquoi je défends une décroissance qui viserait non pas à rompre avec le monde réellement existant et à repartir de zéro, dans une version décroissante de la tabula rasa et de la start-up society, mais qui imaginerait un monde qui, en apparence, ressemblerait beaucoup à celui que nous avons sous les yeux (et plus encore lors du premier confinement). Le même monde mais avec une seule différence, et elle n’est pas mince : avec la croissance en moins. Des voitures mais des 4L, des machines à laver mais réparables de façon autonome… Un monde dans lequel il y aurait encore de l’économie, de la vie sociale et des libertés individuelles, des institutions, des lois… mais sans croissance.

Voilà en quoi il ne s’agit plus tant de désirer une transformation du monde que sa conservation. Ce qu’il faut reprocher au monde de la croissance c’est son règne de la transformation à la fois permanente (voir chez Günther Anders sa critique de la technologie comme révolution permanente) et illusoire (tout changer pour ne rien changer = conserver les rapports de domination par l’exploitation et l’aliénation). Conserver tout ce qui fait société, résister à la pente sociocidaire et écocidaire du capitalisme et du néolibéralisme, voilà pour une émancipation porteuse de décroissance !

Une décroissance poussée par la joie de l’appétit

Nous avons vu que si l’attirance remettait le sujet à sa place en donnant priorité à l’objet du désir, la force de la pulsion était précisément qu’elle apportait de la… force.

Là encore il ne faudrait pas croire que l’attirance d’un monde libéré du totalitarisme de la croissance serait suffisant pour peser dans les rapports de force dans lesquels ne pourront pas ne pas se produire les possibilités d’une sortie de la croissance. Ce serait être bien naïf que de croire que les profiteurs de la croissance se laisseront faire. Où la décroissance pourrait-elle trouver un modèle (idéologique) de désir capable ainsi de renforcer son idéal d’un autre rapport au monde que le mode dominant ?

  • Si le désir de décroissance ne doit pas renforcer le désir vanté par le monde de la croissance, alors chacun peut en déduire que si celui-ci est individuel alors celui-là doit s’y opposer et être un désir du Commun.
  • J’ai défendu ailleurs que la défense décroissante du Commun (défini comme ce préalable qui précède toute existence individuelle) consiste à défendre sa protection, son entretien et que pour cela il fallait identifier dans un même combat la défense des conditions et la définition d’un objectif politique. Nous devons prendre pour objectif de nos engagements politiques la défense des conditions de toute vie humaine : la vie sociale et la vie naturelle. Ce sont précisément les deux faces du Commun.
  • Nous devons donc prendre pour objectif la persévérance de la société et de la nature comme conditions commune d’existence. Pourquoi ?

Parce que leur essence est de persévérer dans leur existence. Pas plus, pas moins 8. Nous n’existons que pour continuer à exister : voilà pourquoi nous protégeons des espèces menacées, voilà pourquoi la décroissance est un humanisme.

  1. Près de nous, les réflexions d’Axel Honneth en faveur d’un socialisme d’avant la bifurcation industrialiste et travailliste l’ont amené à reprocher au socialisme standard son oubli de ce qu’il nomme « différenciation fonctionnelle de la société », au profit, on le sait avec le marxisme et ses variantes, d’un réduction de toute vie en société à sa détermination économique. Mais Honneth en vient alors à se demander à laquelle des 3 sphères qu’il analyse – sphères de l’agir économique, des relations personnelles et de la volonté générale – doit revenir le pilotage de leur articulation. Il confie ce rôle à la sphère démocratique de la volonté générale. Pourquoi ? Parce que ce n’est que dans la sphère de la formation démocratique de la volonté que l’existence de la vie sociale peut devenir l’objet de la volonté politique. Ce qui dans le vivant s’organise spontanément en raison de sa structure interne, doit, dans la vie démocratique « être pris en charge par ses acteurs eux-mêmes ». Mais tout cela n’a de sens qu’à condition de reconnaître que toute cette organisation et cette différenciation fonctionnelle de la société n’ont qu’un objectif : « la reproduction de la société », « la reproduction permanente de l’unité supérieure constituée par la société globale ». S’il n’y a d’existence humaine que sociale, et si la liberté sociale consiste à exercer sa liberté que pour et avec les autres, alors c’est que la vie sociale n’a qu’une finalité : la persévérance dans son existence. Une vie individuelle n’est réussie qu’à condition de vouloir la poursuite de la vie sociale en tant que telle 9.
  2. Spinoza est à la mode. Tant pis, j’y fais quand même référence car sa définition du désir comme appétit est particulièrement adéquate à ce dont une décroissance désirable a besoin.
    • Le désir est d’abord défini chez Spinoza comme désir de persévérer dans son être : il n’y a là aucune volonté de puissance (ou de croissance) ou de finalité transcendante, juste l’affirmation d’un déterminisme immanent aux enchaînements de causes et d’effets. Ce désir de persévérance est ce dont a besoin une décroissance désirable : non pas le désir comme toujours plus (pleonexia) mais le désir comme homéostasie.
    • Ce rejet d’une causalité transcendante (c’est pourquoi pour Spinoza, la nature ou le divin, Deus sive Natura, c’est la même substance) l’amène à se priver d’une définition descendante du Bien (et du mal). D’où la formule célèbre (Éthique III, prop. 9, scolie) mais périlleuse : « Le désir, c’est l’appétit avec conscience de lui-même. Il résulte de tout cela que ce qui fonde l’effort, le vouloir, l’appétit, le désir, ce n’est pas qu’on ait jugé qu’une chose est bonne ; mais, au contraire, on juge qu’une chose est bonne par cela même qu’on y tend par l’effort, le vouloir, l’appétit le désir. « 
    • C’est là qu’il faut prendre au sérieux ce qu’appétit veut dire, particulièrement pour un décroissant. L’appétit n’est ni la faim (qui vient en ne mangeant pas, par manque de nourriture) ni la gourmandise (qui ne sait pas s’autolimiter) : l’appétit vient en mangeant mais s’estompe au fur et à mesure de la satisfaction, il s’autorégule. L’appétit est convivial, et inversement : difficile de manger seul avec appétit. Surtout, qui n’a jamais fait attention que ce que je mange avec appétit est meilleur que ce que je mange pour simplement me nourrir. Ce n’est pas parce qu’un aliment est bon que je le mange avec appétit, c’est parce que je le mange avec appétit que je le juge bon. L’omelette la plus simple mangée avec appétit procure la plus grande joie, celle de désirer en compagnie (c-à-d avec ceux qui partagent le pain, les copains).

Aux décroissants de relever ce défi de l’appétit.

Une décroissance pleine d’espoir

Ne pas se tromper de désir quand on défend une décroissance désirable permet, en même temps, de retrouver de l’espoir.

Là encore, il faut savoir ne pas confondre entre 2 sortes d’espoir : l’espoir comme croyance que les idéaux vont se réaliser et l’espoir comme désir de réaliser ses idéaux.

Le défaut principal de l’espoir-croyance est, en venant se fracasser contre la réalité, de se retourner en son contraire. Quand celui qui prend ses désirs pour des réalités à venir prend conscience (il réalise la réalité) que ce n’est pas le cas alors il perd espoir et son espoir se tourne en désespoir. Plus exactement, quand l’espoir-croyance était le moteur de sa mobilisation alors l’expérience des échecs devient la cause de sa démobilisation.

Comment alors continuer à espérer – et donc comment continuer à agir – même quand le succès n’est pas là ? Voilà la question de la persévérance dans l’espoir et dans l’action. C’est le tragique de Sisyphe mais c’est aussi son humanité : c’est la leçon politique d’Albert Camus.

La décroissance doit donc proposer des projets désirables, c’est-à-dire des modes d’organisations sociales désirables, non pas tant pour les individus que pour la continuité de la vie sociale en tant que telle. La décroissance comme socialisme sans croissance.

Préférer la décroissance à la croissance, une affaire de préférence

Je finis cette exploration de la carte des désirs en formulant in fine une réticence à qualifier la décroissance de « désirable ».

Je ne veux pas annuler ce que je viens d’écrire, je veux juste signaler que le désir – aussi force « primitive » d’existence soit -il – n’est peut-être pas aussi premier qu’un philosophe associationniste et nominaliste comme David Hume l’a cru 10.

Par là je veux suggérer que ce qui est premier, ce n’est pas tel ou tel désir, mais telle préférence entre deux valeurs, deux normes. Ne serait-il pas plus adéquat de ne pas dire que « la décroissance est désir de coopération, ou de convivialité, ou de partage » mais de dire :  » être décroissant c’est faire un choix entre la coopération et la compétition, entre la convivialité ou la rivalité, entre l’appropriation privée ou le partage » ? Et d’assumer que ce choix est le « bon », celui du « bien-vivre ».

Il ne s’agirait donc pas de « désirer » la simplicité, la mesure, la lenteur… mais de préférer la sobriété à l’ivresse, la mesure au disproportionné, la lenteur à l’accélération…

Là encore, je me pose la question d’un modèle (idéologique) pour fonder cette qualification de la décroissance :

  • Toute la tradition de la théorie critique – l’École de Francfort – depuis Adorno et Horkheimer jusqu’à Hartmut Rosa font droit à ce qu’ils nomment « transcendance intramondaine ». L’expérience vécue par les acteurs sociaux propose des points de départs de ce que pourrait être une vie meilleure. Par exemple, celui qui est pris dans la précipitation perpétuelle de la vie accélérée et qui en souffre, peut, par introspection attentive, se rendre compte qu’il devient étranger à lui-même, aliéné.
  • Une telle « transcendance intramondaine » ne peut exister qu’à la condition d’accepter que chacun d’entre nous se définit et s’identifie à partir d’un « espace moral », celui de nos « évaluations fortes » : « Savoir qui on est, c’est pouvoir s’orienter dans l’espace moral à l’intérieur duquel se posent les questions sur ce qui est bien ou mal, sur ce qu’il vaut ou non la peine de faire, ce qui à ses yeux a du sens ou de l’importance et ce qui est futile ou secondaire » 11. Autrement dit, toute action et toute décision humaines, de façon consciente ou non, de façon réflexive ou implicite, sont toujours guidées par une conception de la vie bonne.
  • Ces évaluations fortes sont des « préférences fortes » (il ne s’agit pas de savoir si je mets ou non des câpres sur ma pizza). Voici comment Charles Taylor évoque ces « évaluations fortes » : ce sont des fins ou des biens qui « ne dépendent pas de nos propres désirs, inclinations ou choix, ils représentent des normes en fonction desquelles on juge ces désirs ou ces choix » (ibid., page 36). Ces évaluations (ou préférences) fortes forment le cadre à partir duquel nos réactions morales trouvent un sens 12.

C’est précisément pour cette raison – s’apercevoir que toute souffrance sociale pointe un horizon de ce que pourraient être une vie meilleure, une société meilleure – que dès mon « entrée en décroissance », j’ai insisté pour dénoncer l’absurdité, et non plus l’impossibilité, d’une croissance infinie dans un monde fini. Les décroissants ne combattent pas une impossibilité. Nul ne peut « vivre » une impossibilité ; le capitalisme et son monde nous imposent des formes de vie qui sont réelles – et non pas impossibles – mais que nous jugeons absurdes.

Décroître, c’est oser défendre des préférences (morales).

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Les notes et références
  1. https://ladecroissance.xyz/2021/10/07/radicalite/[]
  2. Avec en particulier la « ruse » rhétorique de la décroissance sélective qui a pourtant toujours le même défaut : ne pas voir que la croissance est un « monde » et que la décroissance est la critique de ce monde, ce monde où l’économie prend toute la place.[]
  3. Il faudrait ici placer tout une étude sur la filiation que l’idéologie de la croissance entretient avec l’anthropologie de Thomas Hobbes. Voir aussi du côté de Dany Robert-Dufour et sa critique du capitalisme libidinal.[]
  4. Cette décroissance punitive se manifeste souvent quand elle prétend être celle qui « ose » poser la question démographique ; mais en réalité, cette décroissance est plutôt une décroissance politiquement réductrice. On peut trouver aussi le même défaut chez ceux qui abordent la décroissance du côté énergétique.[]
  5. Mise en application des conditions de réussite d’une discussion : repérer, définir puis discuter. Les conditions de réussite d’une discussion sont les conditions les mêmes que pour continuer à discuter : l’une de ces conditions de réussite/continuation est de prendre pour objectif d’une discussion sa protection et son entretien. Pas d’entretien sans entretien.[]
  6. A méditer pour comprendre ce que « commun » peut signifier quand il s’agit de « mobilisation ».[]
  7. Sigmund Freud, La vie sexuelle, PUF, page 33.[]
  8. Ce n’est pas parce que les fins de la nature comme de la société sont impénétrables qu’il nous serait interdit ou impossible de faire un usage régulateur de la persévérance, de la continuité, comme finalité subjective de l’humanité. Je défendrai explicitement cette position lors des (f)estives 2021.[]
  9. https://decroissances.ouvaton.org/2020/06/07/jai-lu-lidee-du-socialisme-daxel-honneth/#Chapitre_4_Les_voies_du_renouveau_2_lrsquoidee_drsquoune_forme_de_vie_democratique[]
  10. Comme Hume part des « individus » son problème est toujours de se demander comment des individus séparés et juxtaposés peuvent s’associer pour devenir un Tout.[]
  11. Charles Taylor, Les sources du moi, Paris, 1998, p.46.[]
  12. Pour Hartmut Rosa, ces cadres constituent des « axes de résonance ».[]

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