A 3 semaines de battre en retraite, n’est-il pas temps de partager avec tous ceux que j’ai pu rencontrer depuis une quarantaine d’années quelques-unes de mes réflexions liées directement à mon engagement politique en faveur de la décroissance ?
Les uns vont se désabonner, manière silencieuse de couper tout contact. D’autres auront je l’espère quelque plaisir à lire ce qui va dorénavant occuper mon existence : avec la retraite qui vient, il va bien falloir que j’arrive à combler la disparition de cet auditoire que j’ai pris tant de plaisir à essayer de captiver.
Car, normalement vous avez dû conserver de moi le souvenir d’un… bavard. Quelques-uns saisiront peut-être là l’occasion de provoquer une retrouvaille : j’ai maintenant le temps et je compte bien en profiter pour porter la parole de la décroissance.
Comptes-rendus de livres, de conférences (futures et passées), et peut-être quelquefois billets d’humeur, me fourniront le matériel pour continuer à provoquer la réflexion.
Les deux textes que je propose pour commencer tournent autour de la dimension sociale de la décroissance : car j’avoue être particulièrement inquiet des effets sociocidaires du monde de la croissance. Par humanisme (que je défendrai une prochaine fois), il me semble que la décroissance aurait tout intérêt à apparaître d’abord comme une politique de la vie sociale.
Communautés, de Martin Buber. Toute critique même la plus négative suppose un idéal : autrement dit, toute critique dirigée contre la désocialisation porte en elle le désir d’une alternative, pour une autre forme de vie sociale. C’est cette «alternative» que Martin Buber désigne sous le nom de «communauté» . |
La décroissance a besoin d’une doctrine socialiste. Je mets ici par écrit les grands thèmes qui me semblent pouvoir fonder aujourd’hui une décroissance désirable : si les décroissants veulent le plus tôt et le plus brièvement possible décroître, ce n’est pas pour le plaisir de souffrir, c’est au contraire avec l’objectif de « bien vivre », ce qui signifie très exactement « vivre ensemble » et en même temps, du « seul fait de vivre ». Ce n’est qu’en vivant ensemble que les humains peuvent prendre plaisir au seul fait de vivre : voilà ce qui est bien. |