Après la séquence des GJ, voici celle de la « colère des agriculteurs » : une même question se pose à tou.te.s celles et ceux qui s’appuient sur une critique globale de la société : dans quelle mesure peut-on appuyer des mouvements qui, au départ du moins sont plus parallèles que convergents. Dont la radicalité tient plus à l’intransigeance que de la cohérence…
Car, entendre et voir sur les medias les dirigeants de la FNSEA et du CNJA se faire les porte-parole d’une légitime colère, on ne peut que valider que dans cette agriculture, « on marche sur la tête ». Sans parler de cette Coordination rurale, dont la présidente a bien résumé son ras-le-bol par un synthétique : « on n’est pas pour la décroissance ».
Je reprends alors un excellent passage du communiqué des SDT : « A l’heure où une contestation naît sans que nous l’ayons impulsée, et sur des thématiques au fond très proches des nôtres, nous avons la sensation qu’il ne faut pas regarder cela de trop loin. Vous partagez peut-être cette intuition. Celle selon laquelle on ressortira toujours plus affûtés politiquement en se frottant à des mobilisations qui surgissent plutôt qu’en se demandant si l’on est vraiment d’accord pour s’y joindre.«
Il y a donc des « frottements » : dont acte. Et ils naissent au plus près du « vécu ». Il ne faut donc pas les esquiver mais les affronter. C’est même de ces frottements qu’il faut partir pour controverser et fonder idéologiquement des propositions et des analyses, dans le but de proposer un cadre politique le plus cohérent et le plus ouvert possible.
Surtout ne pas opposer ces « frottements » au besoin d’ancrer notre radicalité dans une « théorie » politique. Car c’est en cela que réside le rapport de la théorie à la pratique : il faut « ancrer » (dans un réel qui existe, qui résiste, qui persiste).
[Pour les franciliens, c’est ce que j’essaierai de défendre mercredi prochain dans une intervention-débat à l’Académie du Climat.]