Éloge de l’indivision sociale des activités

Pour une organisation collective des activités de production et de reproduction

Si l’on veut porter contre le capitalisme la critique la plus globale possible alors aucune marchandisation fictive1 ne doit y échapper. En effet, en marchandisant la terre, l’activité et la monnaie, le capitalisme pousse jusqu’au bout une logique de « croissance pour la croissance » qui se manifeste par la diffusion d’une idéologie propriétariste, travailliste et spéculative : c’est ainsi que la terre devient d’abord propriété privée (la rente est son profit), l’activité devient d’abord travail (en vue du salaire) et la monnaie devient d’abord argent (en vue de l’intérêt). Ces marchandisations sont « fictives » parce qu’elle consiste à traiter la terre, l’activité et la monnaie comme des produits échangeables (sur un marché) alors qu’elles sont les conditions de l’échange et du partage, et donc les conditions de la vie sociale2.

D’une façon très globale, la décroissance consiste – en tant que « socialisme sans croissance – à prendre pour objectifs de la volonté générale (politique) la continuation et l’entretien des conditions sociales et écologiques de la vie humaine. On comprend alors en quoi une société de croissance en marchandisant les conditions de la vie sociale au lieu de les protéger devient une entreprise généralisée de sape de la vie sociale.

Cette triple marchandisation est l’une des facettes d’une rationalisation démultipliée de tous nos rapports au monde. Quant à la propriété, cette rationalisation consiste en une accélération de la privatisation. Quant à l’argent, cette rationalisation consiste en une accélération de la financiarisation. Quant au travail, cette rationalisation consiste en une accélération de la division du travail.

C’est ce dernier aspect que nous analysons aujourd’hui.

Historiquement, une division du travail en accélération

Nous faisons l’hypothèse que dès que l’activité devient « travail » elle se divise. Pas de travail sans division du travail. Nous en tirons deux conséquences. a/ Négativement, de la même façon que la révolution industrielle avait provoqué l’accentuation de la division sociale du travail en division technique, la révolution numérique actuelle entraîne un nouveau palier vers une division cognitive du travail. Autrement dit, est franchi un cran supplémentaire dans la déshumanisation de l’activité productive.

  • A l’emprise sociale et l’emprise technique, nous ajoutons aujourd’hui l’emprise cérébrale : « Le travail des hommes est conçu sur le modèle de celui des ordinateurs, c’est-à-dire comme le lieu d’exécution d’un programme », estime avec justesse Alain Supiot3. S’accélère ainsi ce qui peut apparaître comme un « invariant » de tous les types de division du travail : la division entre exécution et décision.
  • D’où le boom des pathologies mentales au travail4. A l’époque d’une individualisation sans limites, l’internalisation psychique des contradictions du capitalisme constitue le dernier stratagème en date pour repousser à plus tard son effondrement souhaitable.
  • La quantification des procédures de production ne procède plus alors seulement d’une rationalisation ergonomique en vue de maximiser les profits mais renvoie à un management par le nombre, à un pilotage des corps, dont l’ubérisation de l’emploi est le symptôme le plus frappant.

b/ Positivement, nous en déduisons une thèse à défendre : la sortie du monde de la croissance devra rompre avec cette logique sociocidaire de division sans frein du travail pour passer tout au contraire à une indivision sociale des activités. De la division à l’indivision, du travail à l’activité, d’une société encastrée dans l’économie à une société qui remet l’économie « à sa place ».

C’est pourquoi une critique proactive doit aller chercher à la source même du processus de division les fondements non seulement d’une opposition mais aussi les principes d’une contre-proposition.

D’autant que : en tant que socialistes, nous ne sommes à priori pas du tout favorables à défendre la moindre « division » : qu’aurions-nous besoin de « diviser pour mieux régner » quand notre critique politique du capitalisme porte sur des formes d’organisation de la vie sociale plus favorables à l’indivision (au sens de propriété indivise) du Commun qu’à sa division : car nous sommes partisans de formes d’auto-organisation, tant dans les activités de production (économique) que de reproduction (sociale).

D’autant que : en tant que décroissants, nous portons aussi une critique catégorielle5 du travail : le travail qu’il s’agit de critiquer ne se résume pas à la forme salariat propre à l’exploitation capitaliste mais au travail en tant que tel. Capital et Travail sont en réalité les deux faces d’une même réduction de toute activité à la seule utilité (économique) de produire de la richesse. Pas de sortie du capitalisme sans sortie du travaillisme.

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Faut-il déjà en déduire que notre critique sera un rejet radical de toute division du travail, de toute division, de tout travail ?

Nous commençons par valider la position de Lordon dans Vivre sans : « En matière d’institution, la question pertinente n’est pas « avec ou sans – il y en aura. C’est celle de la forme à leur donner » (4ème de couverture).

Pourquoi validons-nous cette posture institutionnelle ? Parce que nous défendons une conception coopérativiste de la société, dans la lignée de la formidable définition par Mauss et Fauconnet du « fait social » comme ce qui préexiste à l’individu et qui, du coup, s’impose à lui6 : La société précède les individus.

Alors en effet, pour nous, « La question de la division du travail est macrosociale »7. Cela veut dire que notre critique de la division du travail et son dépassement doivent déboucher sur une proposition globale en faveur d’une autre organisation sociale de la production. Non pas une société sans production mais une société avec une autre forme de production ; et donc de consommation, de distribution, d’extraction…

Par « production » nous entendons autant la reproduction matérielle (de la vie biologique des vivants humains) que la reproduction sociale (de la vie sociale, par les activités coordonnées des vies biographiques de chacun) : l’important de cette production, c’est qu’elle soit une organisation d’abord collective (et même auto-instituée selon les analyses de Castoriadis).

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C’est donc d’économie politique qu’il s’agit ici ; domaine dont l’objet est l’analyse des rapports sociaux. Quels rapports sociaux dans quelle organisation de partage des activités de production ?

Nous proposerons à la fin quelques pistes pour commencer sans attendre la transformation sociale qu’une indivision sociale des activités implique (parmi les effets en aval qu’une telle transformation impliquerait, certains peuvent s’entreprendre sans tarder, d’autres produiraient très rapidement des effets).

Mais, avant de reconstruire un autre projet d’économie politique, il nous faut déconstruire (c’est ce que Serge Latouche appelle la décolonisation de l’imaginaire) le paradigme dominant : celui d’une économie fondée sur les divisions du travail.

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Alors nous allons schématiser : a/ d’abord en reprenant la distinction scolaire entre division sociale et division technique ; b/ puis en rattachant ces deux types à deux grands textes canoniques : au livre II de La République de Platon pour la division sociale du travail ; au premier chapitre du livre I de La richesse des nations d’Adam Smith pour la division technique du travail ; c/ ensuite en relevant dans ces deux textes un même paralogisme qui a pour effet de fausser la démonstration en faveur d’une division du travail ; d/ enfin nous n’oublierons pas de relever que toutes ces divisions, sociales comme techniques, du travail s’appuie sur une division genrée.

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Définitions de ce que nous entendons par division sociale, division technique et division genrée

  • Division sociale : division dans une société des activités de production en métiers, en professions, en spécialités.
  • Division technique : parcellisation dans une unité de production des opérations productives en tâches élémentaires et simples.
  • Division genrée : nous reprenons une grande partie des analyses de Christophe Darmangeat8. « La division sexuelle du travail, au-delà des variations qu’elle connaît d’une société à l’autre, et de la rigueur inégale avec laquelle elle est envisagée, est un caractère majeur et universel des sociétés primitives… Selon une règle universelle, certaines tâches sont rigoureusement et en toutes circonstances, interdites aux femmes » (page 200). « C’est donc dans ce monopole de la guerre et des armes, autrement dit dans celui de la politique (extérieure ou non), que se situe le levier fondamental de la domination masculine » (page 226).

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Des plaidoyers tronqués en faveur de la division du travail

Dans le texte de Platon comme dans celui de Smith, nous pouvons relever un même raisonnement faussement antagoniste (2/) en vue d’un objectif utilitaire d’efficacité (3/).

Dans le texte du livre II de La République, 369c-370c, Platon produit « en paroles » la Cité à partir de son commencement ». Le texte s’articule en 3 étapes : 1/ Fondement et objectif de la Cité : le « fondement est clair », ce sont les « besoins » ; pour l’objectif, c’est plus ambigu, car Platon semble hésiter entre 2 objectifs possibles : soit l’intérêt économique de l’union (qui fait la force), soit un intérêt plus moral d’entraide. 2/ La clef de son argumentation à savoir un plaidoyer indirect de la division sociale du travail, basé sur le rejet d’une seule autre alternative, que l’on pourrait nommer « division individuelle du travail ». 3/ Un plaidoyer direct en faveur de la division du travail qui énumère canoniquement des gains.

C’est grosso modo la même structure que va reprendre Adam Smith au début du livre I de La richesse des nations : 1/ Le fondement apparaît au chapitre 2 quand Adam Smith fait de l’échange un « penchant naturel » : « c’est le penchant qui les porte à trafiquer, à faire des trocs et des échanges d’une chose pour une autre »9. C’est dans le premier chapitre qu’Adam Smith fournit un double plaidoyer en faveur de la division du travail, et dans le même ordre que le faisait Platon. 2/ Un plaidoyer indirect qui repose sur le fameux exemple de la production d’une épingle puis 3/ un inventaire des avantages.

Nous critiquons : les avantages déduits (3/) de la fausse alternative entre division sociale et division individuelle (2/), conséquence d’un fondement erroné (1/).

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Le biais rhétorique de la fausse alternative, tant chez Platon que chez Smith

Platon construit son argumentation comme s’il n’y avait que 2 options possibles : soit un seul individu divise son temps en quatre, soit un groupe de quatre divise ses activités en se les répartissant par métier.

« Faut-il que chacun d’eux destine le produit de son travail à être commun à tous : ainsi faut-il que l’unique cultivateur procure de la nourriture pour quatre, et dépense quatre fois plus de temps et de peine pour procurer de la nourriture et la mettre en commun avec les autres, ou bien sans se soucier d’eux et qu’il produise pour lui-même seulement le quart de cette nourriture en un quart de temps, et que les trois autres quarts, il les passe, l’un à se procurer une maison, l’autre un manteau, l’autre des chaussures, et qu’au lieu d’avoir souci de mettre les choses en commun avec les autres, lui-même se soucie pour lui-même de ses propres affaires ? ».

Chez Adam Smith, la défense de la division du travail sur le cas de la production d’une épingle se fait par opposition à une situation imaginaire d’un homme malhabile et sans formation qui devrait produire tout seul une épingle. Il en tire la conclusion d’une productivité plus de 200 fois supérieure dans le cas d’une division du travail.

« Adam Smith aurait mieux respecté le lecteur en lui présentant la fabrication divisée en premier. Mais surtout il lui aurait fallu trouver une deuxième situation réelle de production des épingles. La production par une seule personne se situe-t-elle dans le passé ? Il aurait fallu un peu plus de documentation historique ou archéologique pour l’affirmer. Tout cela manque.

Donc Smith compare une situation avec division du travail et productivité connue à une situation artificielle où il avance des chiffres de complaisance au sujet de la productivité. La comparaison rigoureuse des deux situations devient alors absurde. On peut toujours comparer une situation réelle à une situation inventée et « démontrer » n’importe quoi. Cette forme de rhétorique est utilisée souvent. Elle n’est pas rigoureuse pour autant »10.

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Les deux auteurs font suivre cette comparaison fallacieuse d’une justification directe par l’inventaire des gains.

Pour Platon : « La conséquence, c’est que chaque genre de choses est produit en plus grand nombre, en meilleure qualité, et plus facilement, lorsque c’est un seul homme qui fait une seule chose, conformément à sa nature, et au bon moment, en se mettant en congé des travaux des autres ».

Pour Adam Smith : « Cette grande augmentation dans la quantité d’ouvrage qu’un même nombre de bras est en état de fournir, en conséquence de la division du travail, est due à trois circonstances différentes : – premièrement, à un accroissement d’habileté chez chaque ouvrier individuellement ; – deuxièmement, à l’épargne du temps qui se perd ordinairement quand on passe d’une espèce d’ouvrage à une autre ; – troisièmement en fin, à l’invention d’un grand nombre de machines qui facilitent et abrègent le travail, et qui permettent à un homme de remplir la tâche de plusieurs »11.

Ainsi pour Platon, les gains d’une division sociale du travail portent sur : la quantité produite, la qualité du produit, la facilité de la production, la « nature » (talent, goût) du producteur et enfin sur le temps de production.

Pour Adam Smith : le gain principal est l’accroissement de la production, dû à trois causes : l’habileté accrue, le temps gagné et enfin l’usage des machines. C’est là qu’il faut signaler :

  • Que le plaidoyer de Platon porte sur la division sociale du travail alors que celui de Smith porte sur la division technique.
  • Mais que cette différence s’estompe dès que l’on compare la série des gains. Car la division technique se situe dans la même logique d’efficacité que la division sociale et n’en est que la poursuite (productiviste).
  • Que dans la division technique, le machinisme accélère cette croissance.

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Notre critique peut s’adresser aux trois étapes de ces deux raisonnements parallèles :

  1. Remise en cause des fondements : chez Platon le mythe d’une insuffisance naturelle d’un individu isolé au sein d’une nature hostile, chez Smith la fable du troc. Dans les deux cas, l’illusion de la préexistence d’un individu isolé, sans société, au sein d’une nature qu’il va falloir affronter pour satisfaire des besoins.
  2. Remise en cause d’un biais rhétorique qui réduit la discussion à deux options et qui écarte une troisième option : celle d’une indivision sociale du travail, par la déspécialisation technique, par la déprofessionalisation sociale, par la rotation et le partage des tâches.
  3. Remise en cause de la logique d’efficacité et de productivité des divisions sociale et technique du travail par une série de critiques parallèle à la série des gains : Faut-il vraiment produire toujours plus ? De quelle qualité doit-il s’agir, celle du produit ou celle de la qualité vie ? Faciliter la production, est-ce réduire la peine ou bien l’effort ? Quelle habileté, quel goût ou quel talent quand il va s’agir des « tâches pénibles » ?

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Fondement écologique d’une indivision sociale de l’activité et extension écoféministe.

Fondamentalement, la division technico-sociale du travail est envisagée comme une stratégie pour compenser les insuffisances naturelles d’un homme individuel dans sa lutte contre la nature.

On peut en trouver une exposition particulièrement synthétique chez le philosophe Éric Weil : « Dans le monde moderne, la nature extérieure, la nature abstraction faite de l’homme, est ainsi la violence première, et toute autre conception de la violence (passion, tentation naturelles, violence de l’homme contre l’homme, etc.) se fonde sur elle. La lutte contre la violence première n’est donc pas lutte de l’individu. L’individu se sait incapable de résister à la nature, à plus forte raison d’entreprendre la lutte avec elle. La lutte est celle du groupe organisé, et c’est cette organisation qui est la société »12.

Telle est cette conception hégéliano-marxiste qui nourrit tout la vision « travailliste » de la société et qu’Eric Weil formule, encore une fois, parfaitement : « Toute société constitue une communauté de travail. La société moderne se comprend et s’organise en vue d’une lutte progressive avec la nature extérieure » (c’est le titre du § 20 de sa Philosophie politique).

Sortir d’une vision antagonique avec la nature, ce serait sortir d’une vue offensive du travail comme lutte et s’engager en faveur de l’activité humaine comme organisation sociale de l’équilibre avec la nature.

Pourquoi ne pas acter que le « moment travailliste » n’a été que le moment moderne de l’organisation des activités sociales, et passer à la suite ? En envisageant qu’une autre relation à la nature fondera une autre relation sociale à l’activité.

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Cadrer les activités humaines en vue d’un équilibre avec la nature signifie négativement une rupture avec le travail comme exploitation de la nature réduite à être un stock de ressources.

Nous pouvons rejoindre les thèses d’une Françoise d’Eaubonne en faveur d’un écoféminisme : sa dénonciation parallèle de l’exploitation de la nature et de l’exploitation des femmes ne repose sur aucun essentialisme mais dénonce l’exploitation d’une « ressource » abondante et gratuite13.

Positivement, cet écoféminisme qui revient certes à dévaloriser la sphère marchande de la production économique par le travail implique en réalité une revalorisation de ce qu’il faut entendre de façon élargie comme « activité » et en particulier de toutes les activités qui appartiennent à la sphère non-marchande de la sphère de la reproduction sociale. Car, et c’est cela qu’il faut reconnaître, la base de la vie sociale n’est pas l’activité économique mais bien toutes ses autres activités qui ont pour objectif de permettre à la société de persévérer dans son existence. Il se trouve – cela s’appelle la domination patriarcale – qu’à ces activités sont assignées les femmes.

Nous verrons comment l’un des bénéfices d’une indivision sociale des activités, par le mécanisme d’une rotation des tâches, ne provoquera pas un rattrapage pour les femmes par l’accès au travail mais, inversement, un rattrapage pour les hommes par l’accès aux tâches de soin, de ménage, de cuisine…

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L’hypothèse d’une troisième option

Nous avons évoqué Platon et Smith mais c’est chez Léon Walras (1834-1910) que l’on trouve la formulation la plus achevée de l’alternative biaisée. En effet, chez lui, l’alternative à une société où le travail est divisé est une société réduite à un seul individu14. Faut-il alors s’étonner qu’à l’aide d’une telle société – qui n’est pas une société du tout –, il en déduise que « si les destinées de tous les hommes étaient indépendantes au point de vue de la satisfaction de leurs besoins (…) chacun de nous serait tour à tour pour lui-même laboureur, filateur, boulanger, tailleur. Notre condition se rapprocherait ainsi de celle des animaux ». Il en déduit alors que la division du travail permet « que les destinées de tous les hommes [soient] solidaires les unes des autres au point de vue de la satisfaction de leurs besoins ».

Ne retrouve-t-on pas pourtant là l’idée principale de la thèse de Durkheim : la division du travail social en passant d’une solidarité mécanique à une solidarité organique (interdépendance des différences) permettrait de « créer entre deux ou plusieurs personnes un sentiment de solidarité » ((Émile Durkheim, De la division du travail social, Paris, PUF, 2007, page 19.)) ? Sauf que Durkheim envisage aussi des formes pathologiques de la division du travail : et n’est-ce pas ce à quoi nous assistons aujourd’hui dans la nouvelle société du télétravail en voie de généralisation et de l’hyperindividualisme ?

Comment échapper alors aux formes anomiques de division du travail sans s’égarer dans les fictions d’une société réduite à un seul individu ? Comment retrouver l’effet moral de solidarité que l’on peut attendre, avec Durkheim, de nos activités au sein d’une vie sociale ? Tel est l’enjeu d’une indivision sociale des activités qui reposerait sur l’exploration d’une troisième option, inenvisagée systématiquement par les partisans de la division du travail. La défense de cette troisième option va donc consister à prendre le contrepied des raisonnements tronqués de Platon, Smith et Walras.

Leurs raisonnements reviennent à voir dans les divisions du travail le meilleur moyen d’atteindre un objectif d’efficacité. Notre contrepied ne va pas consister à proposer une autre voie tout en conservant le même objectif d’efficacité :

  • En tant qu’écologistes conséquents, donc antiproductivistes, nous défendons un principe d’inefficacité (I), voire de « déproductivité ».
  • En tant que socialistes conséquents, nous pensons qu’une société libérée de la contrainte de productivité peut alors donner le temps à chacun de ses membres de se réaliser, à partir d’un principe de rotation (II) des activités.

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Pour un principe de déproductivité et un droit à l’inefficacité (I)

Dans un premier temps, nous pourrions porter notre critique vers une remise en cause de l’efficacité comme objectif proclamé de la division du travail.

C’est la thèse défendue au début des années 1970 par Stephen Marglin dans un texte – A quoi servent les patrons ? – publié pour la première fois dans son intégralité et en anglais seulement en 1974 dans la Review of Radical Political Economics15. Pour Marglin, là où l’idéologie proclame que l’efficacité technique est la cause de la division du travail, il faut au contraire montrer que l’objectif principal de la division du travail est de « diviser pour mieux régner ». Non seulement, l’ouvrier perd le contrôle sur son activité mais il abandonne ce contrôle à l’entrepreneur qui, en se prétendant indispensable pour la coordination des tâches parcellisées, justifie ainsi l’accaparement de la majeure partie de la valeur ajoutée à son profit. L’intérêt d’une telle thèse – politique – est de relier deux processus d’abstraction : à l’intérieur de l’activité, chaque tâche est séparée/abstraite de la suivante ; à l’extérieur de l’activité, les fonctions d’exécution sont séparées/abstraites de celles de coordination et donc de décision. Ces processus d’abstraction correspondent à ce que (le jeune) Marx nommait « objectivation » (le travailleur produit un objet qui lui est étranger) et « aliénation » (le travailleur devient étranger à lui-même).

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Dans un deuxième temps, nous pourrions remettre en cause la réalité de cette efficacité proclamée – nous l’avons évoquée, tant chez Platon que chez Smith – en reprenant de façon critique la liste des « gains » : quantité, qualité, habileté, facilité, temps, et en les resituant dans l’histoire de la division du travail : division sociale, division technique et aujourd’hui division numérique. Si certains gains semblent pouvoir être constatés dès la division sociale, la division technique des temps modernes permet de nourrir largement une remise en cause critique de ces gains et aujourd’hui tout se passe comme si la révolution numérique du travail mettait en pleine évidence toute la dimension mystificatrice des gains proclamés.

  • S’il est certain qu’il y a toutes les chances que l’escalier de l’artisan menuisier sera de meilleure qualité qu’un escalier que j’aurais « bricolé », il n’empêche qu’aujourd’hui il faudrait être singulièrement aveugle pour ne pas constater que la « qualité » des produits s’est uniformisée tout en se coupant de toute possibilité d’en conserver une maîtrise « conviviale » : qui sait réparer sa machine à laver ? Les produits du travail sont devenus des objets de consommation dont le temps d’existence ne dure guère plus que le temps de les produire (obsolescence programmée).
  • Quand la division entre exécution et décision se creuse, qui peut croire que le technicien de maintenance possède le moindre contrôle sur l’élaboration du process ? Dans toutes les productions « assistées par ordinateur », comment ne pas constater qu’en effet le producteur n’est pas tant « assisté » qu’il n’assiste en tant que spectateur au processus de fabrication, fut-ce en s’émerveillant d’une telle « magie » (on peut évoquer les « fabuleux » fab lab).
  • Pour remettre en cause un prétendu recul de la pénibilité grâce aux progrès dans la division du travail, on peut déjà reprendre la distinction entre aliénation et objectivation : car si l’aliénation produit de la souffrance, l’objectivation peut entraîner l’ennui. Et puis il suffit de feuilleter les rapports de l’assurance maladie sur les risques du travail16 pour trouver une liste édifiante : chutes, troubles musculo-squelettiques, cancers professionnels, risque routier… Et nous pouvons aller un cran plus loin dans notre doute quant à un gain de facilité en remettant radicalement en cause l’idée que la facilité serait en soi un objectif. D’abord, n’est-il pas pertinent de savoir distinguer entre la peine et l’effort ? Si le travail est peine et c’est pourquoi on peut le définir comme cette activité pénible dont nous préférerions obtenir immédiatement le résultat (suivant la thèse de Lucie), il y a dans l’activité en général place pour un effort qui donnera une mesure subjectivement vécue de la joie que toute production peut procurer. Ensuite, nous pouvons reprendre les analyses récentes que porte Marc Hunyadi dans sa critique radicale du « mode de vie numérique » : « Pour rendre compte de la puissance inédite de cet attachement libidinal au numérique, je parlerai de la dépendance à un principe de commodité, qui fait aller chaque fois au plus commode, au plus économique, au plus fluide, au plus pratique. L’attachement au pratique est le moteur subjectif le plus puissant de l’extension du numérique »17.
  • Quant aux gains de temps, la critique portée par Hartmut Rosa contre l’accélération montre que tous les soi-disant gains de temps dus à l’accélération technique sont aussitôt absorbés par l’accélération sociale des activités, « au point de nous faire nous sentir comme Sisyphe »18.

Chacun aura remarqué que dans cette critique des gains des divisions du travail nous avons évité le premier des gains mis en avant : les gains de quantité et quand les temps de production raccourcissent, ce sont des gains de productivité (dQ/dT).

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C’est pourquoi un troisième temps de notre critique contre les objectifs d’efficacité et de rendement va porter sur le fondement même de cette exigence.

En tant que décroissants, nous commençons par faire remarquer que passées certaines limites de soutenabilité écologique la croissance de la production pour la croissance n’a plus aucun sens. Autrement dit, la course à la productivité n’est pas en elle-même sensée. Et cela pour une raison profondément anti-« économique » : car c’est en mettant en avant une lutte contre la rareté que l’économie se présente comme l’organisation de la production en vue d’une abondance promise. Mais cette abondance, les « progrès » de la production devraient permettre depuis bien longtemps de l’avoir atteinte et même dépassée. En réalité, obsolescence, gaspillage et inégalités permettent de repousser sans cesse cet objectif proclamé et donc de s’enfoncer dans l’impasse de la croissance. Mais en tant que décroissants, c’est cette illusion du combat de l’abondance contre la rareté que nous dénonçons : comment ne pas avoir remarqué que le capitalisme est l’organisation d’une inversion des finalités ? L’austérité pour le plus grand nombre mais le luxe et l’excès pour l’extrême minorité des privilégiés. C’est pourquoi nous faisons nôtre le renversement de cette inversion : « Le binôme sobriété personnelle/dépense sociale doit remplacer le binôme austérité sociale/excès individuel »… « Il nous faut réfléchir aux institutions qui seront responsables de la socialisation de la dépense improductive et des manières dont les surplus en circulation seront limités et épuisés », écrivent brillamment G. Kallis, F. Demaria et G. D’Alisa dans leur Épilogue à Décroissance, Vocabulaire pour une nouvelle ère (2015).

La promesse d’abondance ainsi sapée – non pas en tant qu’abondance mais en tant que promesse toujours différée – nous pouvons aller jusqu’à défendre – pour rompre avec la logique d’efficacité, de productivité, de rendement des divisions du travail – un principe de déproductivité sous la forme d’un droit à l’inefficacité.

On trouve chez Dwight Macdonald une telle critique fondamentale de l’efficacité.  Dans un article publié en 1946 – article qui sera repris dans Le socialisme sans le progrès19 – Macdonald écrit que « la maîtrise de l’humain sur la nature s’est renversée en une emprise inédite de la technique sur l’humain. L’organisation toujours plus efficace de la technologie sous forme de vastes concentrations de producteurs disciplinés suppose la société de masse moderne, qui suppose elle-même le contrôle autoritaire et le type d’idéologie nationaliste irrationnelle – infra-rationnelle, plutôt – qui ont été poussés à leur paroxysme en Allemagne et en Russie ». Et il en tire la bonne conclusion : « S’il est impossible, dans de petites usines, de produire des voitures de façon efficace, alors produisons-les de façon moins efficace ».

S’il est impossible d’accroître l’efficacité et d’augmenter les cadences tout en tenant compte de l’humanité des travailleurs, alors travaillons de façon moins efficace et ménageons notre peine.

Comment alors organiser la production pour se décoloniser de l’exigence d’efficacité ?

Pour un principe de rotation (II)

C’est l’emprise de l’efficacité qui sert à justifier ce qui dans les divisions du travail est précisément division, et cela dès la division sociale des activités en métiers.

Il semble donc logique – si l’on veut remonter à la racine – de se demander si la production pourrait échapper aux solutions de la spécialisation et de la professionnalisation.

Si le premier des objectifs des divisions du travail est la « division pour mieux régner », alors un principe d’indivision des activités peut commencer par remettre en cause cette division des compétences, entre la décision et l’exécution. Il ne faut donc pas s’étonner si c’est dans les mouvements anarchistes en faveur de la coopération, et de l’autogestion, que l’on va trouver des pistes en faveur de la déprofessionnalisation et de la déspécialisation.

« Alors que le régime capitaliste est fondé sur une logique de division du travail et de spécialisation croissante, l’âge du faire et du temps disponible autorise une dé-spécialisation généralisée, qui ouvre à chacun la possibilité d’expérimenter de multiples champs d’activités et de facultés (ce qui, de surcroît, permet de réaliser soi-même de nombreuses tâches qui requéraient auparavant le recours au travail d’autrui et à la consommation marchande) » écrit Jérôme Baschet20. Cette déspécialisation consisterait d’abord en une juste répartition entre activités productives et activités propres à la sphère de la reproduction sociale, c’est-à-dire cet ensemble d’activités qui permettent à la société de se reproduire, de se conserver, de s’entretenir. Ces activités « reproductives » se répartiraient entre activités d’organisation de la vie collective et activités du care (ou de la socialité primaire). Selon des modalités à affiner suivant le type de tâches et les territoires, on peut imaginer cette organisation soit par une alternance sur des temps courts (rotation au sein d’une unité de production ou d’un bassin de vie), soit par des changements au cours de sa vie.

L’idée principale de ces alternances et de ces changements, c’est le principe de rotation : car c’est en se mettant à la place des autres que je peux le plus facilement imaginer une forme d’organisation sociale en vue de vivre avec et pour les autres. Évidemment une telle proposition va aussitôt susciter un certain nombre d’objections qui, sans surprise, seront des reprises d’arguments en faveur de la division du travail.

On le voit particulièrement à propos de ce que l’essayiste Michael Albert propose sous le nom d’économie participative. L’idée principale consiste à sortir précisément d’une logique de l’emploi pour y substituer un « ensemble équilibré des tâches ».  Au lieu d’être assigné à un emploi, chacun s’occupe d’un ensemble de tâches qui – du point de ses avantages comme de ses inconvénients – doit être comparable à tout autre ensemble équilibré de tâches. Que répondre à l’objection du « chirurgien qui change les draps des lits de son hôpital » ? a/ Que pour autant on ne demande pas à n’importe qui de procéder à des opérations chirurgicales ; b/ Que la perte d’efficacité due au non-emploi d’un talent et d’une formation spécifiques est largement compensée socialement et humainement par la reconnaissance qui est ainsi du même coup accordée aux « tâches ingrates ». C’est ainsi l’occasion de découvrir le véritable coût social global des métiers.

Que répondre à l’objection de la perte d’expertise ? Que les « experts » pourront toujours continuer à fournir leur expertise mais que celle-ci se réduira à évaluer les conséquences des choix possibles mais que la décision pour déterminer quelles conséquences seront préférables et préférées sera une décision partagée.

Les effets sociaux et économiques d’une telle rotation des postes et des tâches seront, à n’en pas douter, systémiques. Ce qui signifie que la mise en place d’une telle indivision sociale des activités présuppose en amont d’autres changements tout en provoquant en aval tout une série d’effets vertueux.

Un tel principe de circulation des activités aura des effets sur la circulation des revenus et, partant, des patrimoines. On peut penser qu’un tel cercle vertueux de justice sociale permettra aussi de briser l’idéologie méritocratique qui accompagne l’idéologie travailliste : comme si certains par leurs talents ou leurs efforts méritaient une part disproportionnée de la valeur ajoutée par les activités productrices. Car, en réalité, il n’y de production que sociale – ce que la rotation des activités rendra évident. On voit ici que le principe des divisions du travail revient à invisibiliser cette source commune – indivise – de toutes les activités humaines.

*

Une organisation indivise des activités de production et de reproduction sociale est donc un système de reconnaissance sociale. Chacun contribue par ses activités à la production de la vie sociale : voilà ce qu’il s’agit de reconnaître.


  1. Karl Polanyi, « Le marché régulateur et les marchandises fictives : travail, terre et monnaie », La Grande Transformation. Aux origines politiques et économiques de notre temps [1944], Paris, Gallimard, 1983, pages 102-112. []
  2. En faisant des conditions de la vie sociale des objets d’échange, le capitalisme accomplit l’encastrement (embedment) de la société dans l’économie et l’économie de marché produit une société de marché. Pour accomplir un socialisme sans croissance – la décroissance – il ne suffit pas de démarchandiser, il faut aussi faire de la protection de ces conditions des objectifs politiques de la vie sociale. []
  3. Alain Supiot, Le travail n’est pas une marchandise. Contenu et sens du travail au XXIe siècle, Paris, Collège de France, coll. « Leçons de clôture », 2019. La version électronique est disponible à l’adresse suivante : https://books.openedition.org/cdf/7026. []
  4. Lire l’édifiant rapport 2018 de l’assurance maladie consacré aux « affections psychiques liées au travail », https://assurance-maladie.ameli.fr/sites/default/files/2018-01_affections-psychiques_enjeux-et-actions_assurance-maladie.pdf. []
  5. Éric David, « Alastair Hemmens, Ne travaillez jamais. La critique du travail en France de Charles Fourier à Guy Debord », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, mis en ligne le 20 octobre 2019, consulté le 14 décembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/lectures/37692. []
  6. « Sont sociales toutes les manières d’agir et de penser que l’individu trouvent préétablies […]. Il serait bon qu’un mot spécial désignât ces faits spéciaux, et il semble que le mot institution serait le mieux approprié. Qu’est-ce qu’en effet qu’une institution sinon un ensemble d’actes ou d’idées tout institué que les individus trouvent devant eux et qui s’impose plus ou moins à eux ». Marcel Mauss et Paul Fauconnet, Article « Sociologie » extrait de la Grande Encyclopédie, vol. 30, Société anonyme de la Grande Encyclopédie, Paris, 1901. Cité par Frédéric Lordon, Vivre sans, page 107. []
  7. Frédéric Lordon, https://blog.mondediplo.net/ouvertures. []
  8. Christophe Darmangeat, Le communisme primitif n’est plus ce qu’il était, aux origines de l’oppression des femmes, Smolny, 2012. []
  9. Adam Smith, De la richesse des nations, GF-Flammarion, 1991, traduction Garnier-Blanqui, page 81. []
  10. Jean-louis Peaucelle, « Raisonner sur les épingles, l’exemple d’Adam Smith sur la division du travail », Revue d’économie politique, 2005/4 (Vol. 115), p. 499-519. DOI : 10.3917/redp.154.0499. URL : https://www.cairn.info/revue-d-economie-politique-2005-4-page-499.htm. []
  11. Adam Smith, op. cit., pages 74-75. []
  12. Éric Weil, Philosophie politique, Vrin, 1985 (4ème édition), page 62. []
  13. Nous recommandons particulièrement la lecture suivante : Iris Derzelle, « L’écoféminisme de Françoise d’Eaubonne. Une pensée de gauche escamotée ? », La Vie des idées, 15 décembre 2020. ISSN : 2105-3030. URL : https://laviedesidees.fr/L-ecofeminisme-de-Francoise-d-Eaubonne.html . []
  14. Léon Walras, 1976, Éléments d’économie politique pure ou théorie de la richesse sociale, LGDJ, Paris, pages 33-34. Cité par Pouchol Marlyse, « Chapitre 2. Division du travail et société », dans : Sophie Boutillier éd., Travailler au XXIe siècle. Nouveaux modes d’organisation du travail. Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, « Économie, Société, Région », 2006, p. 45-59. DOI : 10.3917/dbu.bouti.2006.01.0045. URL : https://www.cairn.info/travailler-au-xxie-siecle–9782804149949-page-45.htm []
  15. https://scholar.harvard.edu/files/marglin/files/review_of_radical_political_economics-1974-marglin-60-112_0.pdf []
  16. https://assurance-maladie.ameli.fr/qui-sommes-nous/publications-reference/assurance-maladie-risques-professionnels/rapports-annuels []
  17. Marc Hunaydi, Au début est la confiance, Le bord de l’eau (2020), page 178. []
  18. Harmut Rosa,  Accélération et aliénation, La découverte (2012), page 43. []
  19. Dwight McDonald, Le Socialisme sans le progrès, Paris, Éditions de la lenteur, 2011 [1946], page 153. []
  20. Jérôme Baschet, Adieux au capitalisme¸ La Découverte (2014), page 106. []

3 commentaires

  1. Merci pour ce texte qui aide à structurer mes réflexions qui viennent de mon expérience de salarié dans une société d’assurance mutuelle : spécialisation, tâches répétitives, contrôle permanent et statistiques infinies grâce au numerique… L’important étant de faire du chiffre pour que le manager montre à son supérieur que ses chiffres sont bons. Le sens et le contenu n’ont pas d’importance. Efficace dans un tableau de statistiques mais est-ce que l’on retrouve de la qualité ?
    Si on rajoute à cela l’engrenage qui empêche toute contestation au sein de l’entreprise et du capitalisme en général : augmentation individuelle, prime d’intéressement/ participation, pas d’augmentation salariale mais versement d’une somme sur un compte épargne retraite… On en arrive a la conclusion que revendiquer c’est se tirer une balle dans le pied et vouloir la fin du capitalisme c’est flinguer sa retraite.
    Il faut donc bien une autre organisation pour sortir de cette dépendance.

  2. Chapeau Michel pour cette étude très documentée. Oui nous avons bien besoin de prendre du recul sur les évidences assénées quotidiennement mais comment le faire de manière plus lisible ?
    Ton analyse s’avère en effet difficile à suivre par sa densité.
    Amitiés.
    Henri

    1. Author

      Merci Henri pour ton appréciation. Au départ, ce travail était prévu pour une revue mais des raisons indépendantes l’ont empêché. Du coup, j’ai placé le texte tel quel, sans réduire sa partie « philosophique » et surtout j’ai laissé sa densité sans faire un effort de facilitation. Il y aura peut-être une version plus allégée, moins… pesante.

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