Jusqu’où les décroissants peuvent-ils rompre avec les fables de la rupture ?

Relisons Günther Anders : « Il y a la célèbre formule de Marx : « Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de diverses manières, ce qui importe, c’est de le transformer. » Mais maintenant elle est dépassée. Aujourd’hui, il ne suffit plus de transformer le monde ; avant tout, il faut le préserver. Ensuite, nous pourrons le transformer, beaucoup, et même d’une façon révolutionnaire », Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ? Ed. ALLIA, Paris 2001.

Interpréter, transformer, préserver. Ces trois verbes peuvent nous aider s’il s’agit d’éviter que la décroissance ne s’échoue dans un grand écart entre rejet, trajet et projet. Pour l’écrire vite : si la distance entre rejet et projet reste infranchissable, alors il ne pourra pas exister de trajet démocratique pour repasser sous les plafonds de la soutenabilité écologique.

C’est pourquoi il me semble qu’en ces temps de victoire de l’incertitude, temps si favorable à tous les raccourcis idéologiques, les décroissants devraient enfin sortir de l’étau de leurs deux « maladies infantiles » : celle du tout-rejet et celle du tout-projet. Ni s’enfermer dans le rejet, ni s’évader dans un projet inaccessible.

Que devons-nous conserver, entretenir, garder ? En quoi le monde d’après sera-t-il le même monde que le monde d’avant ? Oui, le même monde plutôt qu’un autre monde.

Bon d’accord, ce n’est pas aussi facile : car, oui, nous voulons garder le monde, mais pas la croissance. Le même monde, mais la croissance… en moins.

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