Qui sont les objecteurs de croissance (les OC) ?

Et si la bataille des mots pour décrire les maux de la croissance était en train d’être gagnée ?

  • Il y a ceux qui continuent de croire que la croissance est la solution…
  • Et les autres ; c’est parmi eux que nous pouvons faire des distinctions :
    • la croissance n’est pas (momentanément) la solution : il faut aujourd’hui « faire sans croissance »
    • la croissance n’est plus et ne sera plus la solution : il faudra toujours faire sans croissance (qui s’est arrêtée d’elle-même)
    • la croissance est un problème (quand bien même la croissance serait encore possible, elle ne serait pas désirable)
    • la décroissance est une solution
    • la décroissance est la solution

Au sens strict, il serait plus simple de comprendre comme « objecteur de croissance » (OC) tous ceux qui oscillent entre « la croissance n’est pas la solution » et « la croissance est un problème ».

« En 1972, nous avions atteint environ 85% de la soutenabilité planétaire. Quand je me suis exprimé devant la Smithsonian Institution, il y a quarante ans, je pouvais dire que nous avions juste besoin de ralentir. Aujourd’hui, nous avons atteint environ 150% de soutenabilité, je ne peux plus le dire. Nous devons décroître ».

Tim Jackson, en conclusion de Penser la décroissance, sous la direction d’Agnès Sinaï, Paris, Presses de Sciences Po, 2013, page 205.

Au sens strict, un décroissant est celui qui a réalisé qu’il est trop tard pour être seulement objecteur de croissance :

  • les seuils de soutenabilité sont globalement dépassés depuis 40 ans.
  • Glocalement (Nord global versus Sud global), les dépassements d’une minorité signifient pour la grande majorité des niveaux de charge écologique largement sous les seuils de soutenabilité ; autrement dit, question sociale et question écologique sont les deux faces d’une même insoutenabilité.
  • Surgit alors la question politique : comment sortir d’une société de croissance et atteindre des sociétés d’a-croissance, ce qui signifie sans ambiguïté d’assumer une « forme de recul » : déproduction, déconsommation… ?

Au sens large, parmi les objecteurs de croissance, il y a les décroissants.

Parmi les décroissants, on pourrait encore distinguer entre :

  • ceux qui adoptent une démarche « identitaire » : la décroissance est la solution ; la décroissance est un projet : politiquement, il s’agit d’abord de dire qui sont les décroissants. Un certain goût pour les « mots » de la décroissance, mots-slogans…
  • ceux qui préfèrent une démarche « identifiante » : la décroissance est une solution : la décroissance est un trajet ; politiquement, il s’agit d’abord de dire ce que nous proposons à d’autres, de dégager des perspectives « unifiantes » : est alors visée une « convergence » plutôt autour de l’antiproductivisme que de la seule décroissance. Un certain goût pour les « propositions », les « belles revendications » (par exemple : retraite d’un montant égal pour touTEs).

3 commentaires

  1. Moi je pense que la croissance n’est pas une solution, c’est un problème. Il n’y a qu’à voir comment les sociétés des pays qui ont atteint le pic de la croissance sont devenues.

  2. La décroissance pose la question de l’organisation politique de la société. Si un état centralisateur est nécessaire pour une recherche de croissance (on peut penser au nucléaire par ex) , la décroissance doit quand à elle poser la question de la relocalisation de la prise décision politique et économique. La décroissance interroge donc sur le rôle de l’État.

    1. Author

      La relocalisation à taille humaine, la ré-appropriation citoyenne des usages, la protection des communs… : quelques pistes déjà que les décroissants mettent en avant pour une décroissance du rôle de l’Etat.

      Mais évidemment, il ne s’agit pas de passer d’un extrême (Etat centralisateur) à un autre (le chacun pour soi de groupes affinitaires qui, de décroissance en décroissance de leur territoire de vie, en arriverait à atteindre la limite qui est celle de l’individu). J’écris cela pour ne pas jeter le bébé (de la justice, qui va supposer quelques péréquations entre bassins de vie, ce qui va donc entraîner du « collectif », c’est-à-dire de la « collecte » pour une mise en commun) avec l’eau du bain (la nécessaire critique de l’Etat et de la conception du pouvoir qui va avec).

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