Retour du Contre-Grenelle 2

Ce samedi 2 mai, il faisait beau à Lyon. Nous étions quelques-uns à nous y être retrouvés pour participer au Contre-Grenelle2. Nous y avions le choix entre assister aux interventions à l’intérieur d’une salle bien remplie ou, à l’extérieur et sous les arches accueillantes et ombragées de la cour intérieure de la Mairie du 6ème arrondissement, informer de notre campagne Europe-décroissance.

Cela fait 10 jours que ce Contre-Grenelle 2 s’est passé et je n’en garde en fait guère de souvenirs marquants. Même la relecture des notes prises ce jour n’arrivent pas à provoquer en moi beaucoup plus d’enthousiasme.

Bien sûr je devrais me réjouir de voir que toutes ces organisations – LCR devenu NPA, Mélenchon devenu Parti de Gauche, PC resté le PC – qui étaient ensemble pour le non au projet de constitution peuvent se retrouver aujourd’hui ensemble autour de l’anti-capitalisme et de l’anti-productivisme. Et je m’en réjouis.

Bien sûr, si je réécoute ou relis toutes les interventions (http://www.contre-grenelle.org/), il y a de quoi être vraiment satisfait ; l’ouverture par Paul Ariès était pleine d’allant et comment bouder son plaisir t’entendre dénoncer une nouvelle fois l’éco-tartufferie… du capitalisme vert.

Mais, il me reste comme un goût d’insatisfaction ; pourquoi ? Parce que je ne suis pas sûr que l’anti-productivisme soit le dénominateur commun suffisant pour lancer une véritable dynamique de résistances et d’alternatives.

En effet, après ce Contre-Grenelle2, l’unamité de façade du samedi soir s’est quelque peu fendillée dans des débats-internet au fond peut-être plus féconds que de simples désaccords entre « égos ».

D’une part, un « réajustement » côté Parti de Gauche, effectué par Corinne Morel Darleux : on peut lire sur son blog sa lettre à Paul Ariès et la réponse de celui-ci.

Mais aussi un échange entre toujours Paul Ariès et Raoul-Marc Jennar suite à l’entretien dans Libération.

Me semblent plus intéressants l’intervention de Philippe Corcuff et la réponse d’Hervé Kempf sur son blog.

Même si l’argument de Philippe Corcuff n’est pas aussi symétrique qu’il le présente : car si l’anti-productivisme ne peut pas ne pas être anti-capitaliste, la réciproque n’est pas historiquement une évidence (un anti-capitalisme peut être productiviste).

Ma déception de fond vient peut-être du fait que ce Contre-Grenelle2 en poussant en avant ainsi l’anti-productivisme risquait de mettre de côté la décroissance ; une décroissance comme « nouveau paradigme » : c’est-à-dire pas seulement une façon de repenser ensemble les questions du rouge et du vert mais aussi une critique radicale des façons de faire de la politique.

Sur le fond, non seulement la crise n’est pas seulement écologique, sociale, économique mais elle est aussi anthropologique et démocratique : c’est aussi une crise du sens et de ce que c’est que « faire de la politique ». Et puis, quand bien même il n’y aurait pas cette crise, cette crise du capitalisme, il me semble que la critique devrait rester la même : ce n’est pas le capitalisme et le productivisme en crise qu’il faut rejeter, c’est le capitalisme et le productivisme tout court.

Bien entendu, il est réjouissant d’entendre le NPA, le PG et le PC défendre l’anti-productivisme : mais si c’est seulement pour rajouter une carte supplémentaire à leur argumentaire de campagne européenne, alors ils ne sont pas dans le changement radical du « faire de la politique ».

Bref, je préfère nettement l’anti-productivisme de Paul Ariès à l’anti-productivisme du NPA et du Front de Gauche : celui-ci me semble plus radical parce que plus cohérent.

Mais, en plus de cet écart entre l’anti-productivisme des uns et celui de Paul Ariès, s’ajoute un autre écart, qui doit aussi être la source de mon sentiment mitigé sur ce Contre-Grenelle 2 : l’écart entre le Paul Ariès politologue – auquel j’adhère presque toujours, celui du discours d’introduction – et le Paul Ariès politique – celui du discours de clôture – qui suscite selon moi beaucoup plus de réserves : certainement de la déception sur son refus de choisir de se prononcer clairement pour la liste Europe-Décroissance, alors qu’elle est quand même née de son appel avec Vincent Cheney, Vincent Liegey et Rémy Cardinale.

Je ne crois pas que la décroissance ait beaucoup à gagner à se contenter de saupoudrer les programmes électoraux de la gauche de la gauche. Je préfère une démarche plus risquée mais plus autonome.

Peut-être suis-je trop exigeant et devrais-je me satisfaire que l’anti-productivisme fasse son entrée dans les discours de la gauche ? Mais tant qu’à faire et puisque je n’ai plus beaucoup d’illusions sur la possibilité électoraliste de faire changer les choses alors autant préférer une décroissance qui ait l’ambition de ne pouvoir se réaliser que dans une « société de « décroissance » ; bref un changement de société.

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